Clara Schumann : 3 Romances op. 22
Andante molto
Allegretto
Leidenschaftlich schnell
Robert Schumann : 2e Sonate en ré mineur op 121
Ziemlich langsam-Lebhaft
Sehr Lebhaft
Leise, einfach – Etwas lebhafter – Etwas bewegter-Tempo wie vorher
Bewegt
entracte
Albert Dietrich : Sonate F.A.E. (1er mouvement)
Allegro
Johannes Brahms : Sonate F.A.E. (Scherzo)
Allegro
Robert Schumann : 3e Sonate WoO 22 en la mineur
Ziemlich langsam
Lebhaft
Intermezzo : Bewegt, doch nicht zu schnell
Markiertes, ziemlich lebhaftes Tempo
L’année 1853 est celle de la dernière période créatrice de Robert Schumann, une année tourmentée mais aussi riche en rencontres et très féconde musicalement. Le couple s’est installé dans une vaste maison à Düsseldorf et le « cercle Schumann » accueille volontiers des artistes comme le peintre français Bonaventure Laurens, l’écrivaine Bettina von Arnim, ou de jeunes musiciens proches avec lesquels Robert échange régulièrement comme Verhulst, Kirchner, Merkel ou Dietrich. Deux rencontres extrêmement marquantes bouleversent Robert et Clara : d’abord le violoniste et compositeur Joseph Joachim venu jouer au Festival de Rhénanie en mai 53 avec lequel ils se lient d’amitié, mais surtout le jeune Johannes Brahms qui encouragé par Joachim, se présente chez eux le 30 septembre provoquant une véritable onde de choc. Robert dira de Brahms : « Il est celui qui devait venir », ce à quoi Joachim répondait : « J’aime trop Brahms pour l’envier ».
Durant l’automne 1853, très entouré par ses nouveaux amis, Robert Schumann est porté par une sorte d’euphorie et vit une rémission de ses troubles psychiques. Durant cette période, il compose notamment une Fantaisie et un concerto pour violon et orchestre qu’il dédie à Joachim, mais propose aussi à Brahms et Dietrich d’écrire une partition commune à l’attention du jeune violoniste qu’il baptisera Sonate F.A.E., en référence à la devise du dédicataire : « Frei aber einsam » (Libre mais solitaire). Il est d’ailleurs étonnant qu’il n’ai pas proposé à Clara de participer à cette composition commune, d’autant que celle-ci s’était remise depuis peu à composer et avait dédié ses Trois Romances pour violon et piano à Joachim en juillet 53. Est-ce parce qu’elle était alors tout juste enceinte de leur huitième enfant et qu’elle devait justement créer avec le violoniste quelques jours plus tard la 2e Sonate en ré mineur de Robert (composée en 1851 et dédiée à Ferdinand David mais jamais jouée en public encore) ? Toujours est-il que Robert composa lui-même deux mouvements sur les quatre que comprend la sonate F.A.E. (les deux derniers), et qu’il décida dans la foulée de les compléter par deux autres mouvements qu’il écrivit en quelques jours pour former ainsi sa 3e Sonate en la mineur.
Quelques mois plus tard, fin février 1854, Robert Schumann sera interné à l’asile du Dr Richarz à Endenich, dont il ne sortira plus, et dans lequel il décédera le 29 juillet 1856.
D’un commun accord Clara Brahms et Joachim décidèrent de ne pas publier les dernières œuvres du compositeur qui étaient selon eux trop marquées par le sceau de ses troubles psychiques. Certaines furent détruites (dont Trois Romances pour violoncelle et piano), d’autres cachées durant des décennies. La 3e Sonate ne fut retrouvée et publiée qu’en 1935 et cette œuvre énigmatique et merveilleuse est malheureusement encore trop rarement jouée en concert ou enregistrée.